ANECDOTES ARTISTIQUES #14

GAETANO PESCE

Le mensuel «Jardin des Modes» fut un haut lieu de la créativité dans les années 80-90, sa maquette, en très grand format, réalisée par Milton Glaser. La mode y était présentée à côté des arts, décoratifs et autres. Architecture, design, cinéma, théâtre y tenaient une place prépondérante sous la houlette d’Alice Morgaine. Les talents les plus divers y ont collaboré. J’ai fait partie de cette aventure une dizaine d’années. 

Tout ce qui était nouveau y avait sa place, même les idées les plus étonnantes. Une de mes séances mode, avec les premiers vêtements en stretch de Thierry Mugler et Azzedine Alaïa, a eu lieu dans les airs. Une équipe de jeunes femmes sautait en parachute aux côtés du photographe, qui sautait aussi, déclencheur à la main et appareil photo arrimé à son casque ! 

Odette et Arlette, deux charmantes dames rescapées de la période «do it yourself», étaient encore dans les bureaux, juste avant leur retraite. Une époque où la vogue du tricot fait main était en perte de vitesse. Une autre idée farfelue fut alors lancée : faire dessiner des pull-overs par des architectes et des designers. Le modèle et les fiches techniques pour le réaliser étaient accompagnées d’articles de fond sur chacun d’eux.

Mes coups de fil étaient mythiques, demandant à Renzo Piano, Jean Nouvel, Ettore Sottsass, et à d’autres, de dessiner un tricot ! Les rencontres, qui suivirent, m’ont ouvert les portes de mondes nouveaux. 

Ce projet fut couronné par une exposition aux Musée des Arts Décoratifs à Paris en 1992.

Gaetano Pesce, alors mondialement reconnu, appelé, sans vouloir heurter le Saint-Père «le pape du design», était l’un des artistes sollicités. Une de ses nombreuses qualités est la liberté d’action totale. Notre amitié dure depuis plusieurs années et il me surprend toujours par la vivacité et la force de ses créations. J’ai organisé une exposition de son œuvre chez Sotheby’s à Paris en 2014, accompagnée d’une conférence à l’ambassade d’Italie. Mémorable !

Quand il ne voyage pas, Gaetano Pesce travaille à New-York la majeure partie de son temps. Lors d’une visite à son atelier de Brooklyn, je le trouve faisant des essais avec des échantillons de matériaux nouveaux, testant leur transparence, leur résistance, etc. Une idée a émergé. Pourquoi ne pas transformer ces échantillons en colliers, en broches ? Faire de nouvelles matières, des bijoux uniques, par les mains de l'artiste lui même.

Quelques temps plus tard, les pièces sont arrivées à Paris. Éblouissantes !
«Pezzi per il corpo» était le titre choisit par Gaetano Pesce pour cette exposition particulière.

 
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Nous avons recouvert les murs de la galerie de miroirs. J’ai sollicité une classe de chant classique du Conservatoire de Paris et ai demandé aux étudiantes de venir vêtues d’une simple robe noire, ai trouvé des coiffeurs et des maquilleurs dans des écoles professionnelles. Le maquillage était le même pour toutes : la bouche très rouge, le teint mat. Les pièces uniques étaient présentée sur des modèles vivants amusés par cette idée. 

Nous avions imaginé une illustration vocale. Gaetano vit entouré de musique, sa mère était pianiste classique. Milena et Tato, ses enfants, participaient activement à l’évènement. J’espérais que cela lui plairait !

Les voix ont créé la surprise. Une jeune fille commençait par des chants du XVIIIe siècle, en haut de la loggia, puis s’arrêtait brusquement. Une autre reprenait dans un registre contemporain, en bas dans un coin, ainsi de suite, chacune leur tour, en différents endroits. Tout était chanté a cappella. Le public, d’abord surpris, avait l’air apprécier.

À la fin de la soirée, Gaetano Pesce et les jeunes filles ont chanté ensemble. Un grand moment ! 

Et ses pièces uniques se sont vendues comme des petits pains ! 

 
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Et pour les générations futures : Fauteuil design B&B ITALIA "UP Junior"

Dessiné en 1969 par Gaetano Pesce pour B&B ITALIA, dès sa naissance, le fauteuil design UP devient un des symboles les plus éclatants du design, grâce à ses formes expressives revêtues de tissu élastique. Sept pièces composent la série UP au nombre desquelles émerge le fauteuil UP5_6, "La Mama", icône de la modernité, métaphore de la figure féminine, à la fois accueillante et prisonnière. Il est édité en version JUNIOR pour enfants depuis 2014.

À samedi prochain.
Basia Embiricos

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