ANECDOTES ARTISTIQUES #15

VIRGINIE PEVSNER. PARIS 1972.

Fraîchement diplômée, à peine arrivée à Paris, recommandée par des amis de mes parents, je débarque dans l’ancien atelier d’Antoine PEVSNER un mardi. Mardi, fut le « jour-fixe » de Virginie Pevsner, la veuve de l’artiste. 

Les sculptures de Pevsner annoncent le chemin vers l’abstraction, le passage du volume à l’assemblage et la construction de formes statiques en dynamiques et ouvertes. 

Virginie ressemblait à une icône. Elle portait des robes longues qu’elle dessinait elle-même. Ne buvait pas ni mangeait en public. Elle représentait un monde déjà disparu à l’époque des premières biennales de Paris, où l’art conceptuel occupait une place de plus en plus grande.

Elle racontait la vie et le travail d’Antoine, leurs difficultés pendant la guerre, sa parentèle avec Lili Brik, la maîtresse de Maïakovski…C’était fascinant.

Elle venait de faire la donation de l’ensemble des œuvres de son mari, au musée d’art moderne de la ville de Paris.

Ses « jours-fixes » réunissent le monde artistique. Deux étudiants des Beaux-Arts et moi, servent des canapés, des verres de vin et de la vodka. 

J’y croise André MALRAUX et René MASSAT, un critique d’art, qui a eu la bonté de s’intéresser à mes tableaux, (abstraction géométrique) en faire des articles et les placer dans le Salon d’Art Moderne à Montrouge, organiser une exposition en Allemagne.

La vie m’a enrôlé ensuite dans de nouveaux projets et réalisations professionnels. J’ai abandonné définitivement la peinture, ne sachant pas la faire « à temps partiel »…. Les « jours-fixes » de Virginie Pevsner sont restés un souvenir désuet, fragile et éphémère.

J’étais loin de m’imaginer à ce moment-là de faire un jour le métier de galeriste.

 
L'œuvre d'Antoine Pevsner, artiste russe de l'École de Paris fut exposée à Paris au Musée d’Art Moderne en 1957.Il abandonnait la représentation à deux dimensions pour la figuration dans l'espace à laquelle il ajouta une notion capitale : le temps, …

L'œuvre d'Antoine Pevsner, artiste russe de l'École de Paris fut exposée à Paris au Musée d’Art Moderne en 1957.

Il abandonnait la représentation à deux dimensions pour la figuration dans l'espace à laquelle il ajouta une notion capitale : le temps, quatrième dimension. Il fréquente l'École d'art de Kiev et l'académie impériale des arts de Saint-Pétersbourg. Entre 1911 et 1913, fait la connaissance à Paris d'Alexander Archipenko et d'Amedeo Modigliani. Il expose en 1955 à la documenta1 (première grande exposition d'Art moderne en Allemagne, après-guerre) à Cassel, puis à la deuxième édition en 1959.

 

Le travail de galeriste malgré ses inconvénients, présente un attrait indéniable ; celui de vivre à la proximité de la création, côtoyer des caractères forts, faire des rencontres qui inspirent, conduire les projets inattendus.

Je reste toujours épatée par les travaux artistiques qui sont un miroir, un résumé, des résonances et souvent l’anticipation des évolutions de la société.

Comme l’écrit J-M Clézio dans « L’extase matérielle » :
« Celui qui fabrique de l’art ne devrait jamais oublier qu’il renforce la collectivité. L’artiste ne crée rien, il sait seulement faire des synthèses »

 

Cette série des anecdotes, prend un petit temps d’arrêt. 

 

Avec l’espoir que nos activités professionnelles reprennent harmonieusement leurs cours en septembre.

Avec les vœux d’un été sans inquiétudes, avec une certitude que tout le monde pourra vivre des situations et des rencontres inattendues et magiques !

Bel été et à très vite !
Basia Embiricos

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